Qu’est-ce que l’oisiveté radicale ? La réponse va vous étonner !

#billet #oisivetéRadicale #feuilleton

Je n’ai pas lu l’Éloge de la paresse ou d’autres ouvrages de référence sur les vertus supposées de l’oisiveté, radicale ou autre. La flemme. Comme d’habitude, j’essaie de tirer les leçons de la situation et de mes propres expériences, en réinventant fatalement le fil à couper l’eau tiède.

Pour moi, l’#oisivetéRadicale, ce n’est pas un programme ou une plate-forme ou un manifeste, mais ce n’est pas non plus qu’un simple slogan.

On vit dans un monde productiviste. L’économie doit produire toujours plus pour alimenter la sainte croissance garante de notre niveau de vie, jusqu’au burn-out de la planète elle-même s’il le faut !

Catéchisme que l’on critique parfois à gauche, alors qu’il nous infecte toustes.

Parce que c’est pareil dans nos sphères privées. On a des trucs à faire, contraints et choisis, et on se flagelle et on se maudit quand on ne les fait pas, ou pas assez vite, ou pas dans les temps, même quand on est dans l’incapacité physique ou mentale de les faire !

Mais rien à faire (joke), on n'aime pas les tire-au-flanc, les feignasses, et on culpabilise ou on se déçoit ou on se déteste quand on ne branle rien. La paressophobie est omniprésente et universelle.

Pourtant, imaginons un épisode de Star Trek film dans lequel le monde est confronté à un danger mortel. Les armes de guerre ne peuvent rien contre cette menace. Charles Bronson, Chuck Norris, Clint Eastwood et même Bruce Willis sont morts ou trop vieux pour venir nous sauver, et pas de bol, ce n’est pas un film de super-héros. Les meilleurs savants et scientifiques ont beau être sur le coup, ils ne trouvent pas de techno-solution. Et visiblement, Dieu et les extraterrestres sont aux abonnés absents.

On est livrés à nous-mêmes.

On est mal. On ne voit pas comment les scénaristes vont pouvoir s’en sortir.

Et pourtant, coup de théâtre !

De gros branleurs de philosophes du dimanche trouvent la solution.

Il suffit de porter un masque !

Ah non, merde, pardon, je me suis trompé de film. Je recommence :

Il suffit de ne rien faire !

Ou du moins d’en faire le moins possible.

De buller, de glander, de rêvasser, d’observer, de flâner, de faire la sieste (chaste ou crapuleuse) à la moindre occasion.

D’arrêter de foncer, de se dépasser, de se déplacer et de gesticuler inutilement dans tous les sens, en piétinant tout.

De précipiter le culte de la performance, de l’optimisation, de l’efficacité et de l’efficience, totalement inadapté à un monde désormais turbulent et imprévisible, dans les poubelles de l’histoire, pour le remplacer par son antithèse, le culte de la redondance, synonyme de robustesse.


Aparté : si ce scénario ne vous emballe pas, c’est peut-être que vous êtes accro au productivisme, et que vous souffrez d’une de ses nombreuses comorbidités : la peur de l’ennui. Il paraît même qu’il y a des gens qui préfèrent s’infliger des décharges électriques plutôt que de rester seuls pendant 15 minutes sans aucun moyen de se distraire !

Alors que l’ennui, c’est la vie ! C’est le terreau de la créativité. C’est le moment où le cerveau peut respirer un peu et digérer en tâche de fond tout ce qu'il s’est pris dans la tronche. Ce qui lui permettra ensuite d’imaginer, souvent aux moments les plus incongrus, des alternatives à notre descente aux enfers. Fin de l'aparté.


L’#oisivetéRadicale, c’est donc une contre-idée, une contre-pensée, une contre-injonction insurrectionnelle. C’est un appel à l’insubordination, une volonté de déconditionnement, de désaliénation, d’inversion de l’accusation et de la diabolisation, de réhabilitation du farniente, de la lenteur, d’une lenteur non seulement salvatrice, mais douce, agréable, langoureuse, sensuelle même !

J’irais même jusqu’à dire que l’#oisivetéRadicale, c’est un art de vivre.

Alors oui camarades, sus à nos petits contremaîtres productivistes irascibles intimes qui pourrissent littéralement la vie, fuck la valeur travail, et vive l’#oisivetéRadicale !

Image stylisée en noir et blanc d’une usine qui arbore les mots "fuck work"