Oisiveté radicale de confort ?

#billet #oisivetéRadicale #feuilleton

Si vous avez lu l’épisode précédent de cette série, je vous vois venir, à confondre #oisivetéRadicale et loi du moindre effort.

Alors c’est vrai que pour une personne radicalement oisive, faire compliqué quand on peut faire simple, c’est un grand non.

Mais il faut faire la différence entre ce qui est inutilement compliqué dans l’absolu (comme faire cinq allers-retours quand on pourrait n’en faire qu’un seul), et ce qui est « inutilement » compliqué parce qu’allant à contresens de la société.

Prenons un exemple concret.

Je suis devenu végétarien. Ça ne m’a demandé que peu d’effort, parce que j’ai toujours aimé les cuisines méditerranéennes, moyen-orientales, indiennes et asiatiques aux vastes répertoires décharnés si j’ose dire. Je n’ai donc aucune nostalgie de la chair animale, car je peux continuer à cuisiner et manger l’essentiel de ce que j’aime cuisiner et manger.

En revanche, ce qui est compliqué, en France en tout cas, c’est qu’il faut oublier la plupart des restos, bistrots et cafés (sauf à aimer la laitue en sachet facturée au prix du filet mignon). Mais surtout, c’est qu’on se retrouve vite en délicatesse socialement. Ça emmerde ou désarçonne les gens quand on ne mange pas comme tout le monde, c’est connoté socioculturellement (spèce de bobo) ou ça renvoie certaines personnes à leurs contradictions.

Bref, ce n’est pas une situation confortable.

Et c’est pareil dans plein d'autres domaines. Ce n’est pas toujours simple d’être la seule personne masquée, de s’astreindre à ne manger que des légumes de saison qui n’ont pas fait des centaines ou des milliers de kilomètres, de boycotter les perroquets stochastiques, Amazon, Twitter/X, Facebook, Instagram, WhatsApp, Spotify (et de rémunérer directement les artistes), de limiter l’utilisation de la voiture, de renoncer à l’avion et au tourisme, et #oisivetéRadicale oblige, de se désintoxiquer du culte de la productivité, de l’efficience à tout prix, de la vitesse et de la gratification immédiate, de réapprendre à différer certains plaisirs et même à en sacrifier d’autres.

A contrario, suivre le mouvement, même à reculons, se conformer in fine aux attentes de la société, que l’on soit révolté, résigné ou aliéné, ce ne serait pas plutôt ça, la solution de facilité, de moindre effort, de confort ? Car ce n’est pas très glorieux, avouons-le, quand on vit manifestement en idiocratie, quand ça nécessite de s’accorder ne serait-ce que tacitement sur des trucs manifestement faux (there is no alternative, le #covid c’est fini, onépuchénou), et surtout quand le mouvement en question nous mène inexorablement vers le dépassement des limites planétaires et la catastrophe climatique en passant par la case fascisme, c’est-à-dire vers un monde où le confort ne sera bientôt plus qu’un souvenir doux-amer.

Alors certes, nous sommes des êtres sociaux, et refuser certaines compromissions quitte à prendre la société à rebrousse-poil, c’est risquer la réprobation voire la répudiation, même si personnellement, je ressens une solitude bien plus intense et douloureuse dans une foule qui fonce tête baissée (et sans masque) vers le précipice que seul dans ma cambrousse.

Mais franchement, entre l’#oisivetéRadicale et le business as usual ou presque, quelle est la démarche la plus paresseuse ? La plus courageuse ? La plus confortable ?

C’est qui les branleureuses ? 🤭

De fait, Douggie a la conviction croissante que le plus grand défaut de l’espèce humaine, c’est sa tendance dévorante à prendre le consensus pour la vérité.

Richard Powers, L'Arbre-Monde

Helmut, le chat noir, allongé tranquillement au beau milieu d’une allée pavée. Ses yeux jaunes fixent l’objectif.


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