L'arbre du Ténéré

Un manuscrit de Looping

Poème / Jolly Roger

Le drapeau noir des colères à bout de force, Des révoltes prohibées et des espoirs broyés, Une conscience dans la tête et un cœur dans le torse, Le drapeau noir des sans uniforme et des sans foyer.

Il est couleur de l'obscurité et du charbon mon étendard, De la mémoire des mortes d'un avortement hors la loi, Des cortèges de forçats, sans ordre et sans gloire, Allégorie de la mort, et de l'insurrection des sans voix.

Des bons à rien, des prisonniers et des sorcières, Des radicaux féroces sans patrons ni autorité, La banderole contre les forces réactionnaires, Le drapeau noir de l'orgueil de toutes les minorités.

Looping, 26 mars, 00h00 – 06h00

Titre : Jolly Roger, le nom du pavillon noir des pirates, avec un symbole Mémento Mori. Un hommage à la vie et non pas une idolâtrie de la mort. “Puisque nous allons mourir, hâtons-nous de vivre et, surtout, de vivre bien !”

3e vers, poster V for Vendetta “I'm anarchist cause I have a heart in my chest and a mind in my head”

4e vers sans uniforme : apatride

5e vers La grande grève des mineurs d'Anzin est une longue grève des mineurs de la compagnie des mines d'Anzin en 1884 qui aboutit à l'autorisation des syndicats par la loi Waldeck-Rousseau. 10 000 grévistes pendant 56 jours. Émile Zola s'en inspira pour écrire Germinal.

6e vers : Selon l'Organisation mondiale de la santé, entre 39 000 et 47 000 femmes décèdent des suites d'une IVG non médicalisée chaque année.

10e vers, sans patron ni autorité : ni dieu ni maître 12e vers : si on associe tous les drapeaux de toutes les fiertés, on obtient un drapeau noir.

Poème / Pulsion de vie

J’ai pu me sortir de ce chemin en contre-jour, Et je dois le dire à tout le monde par ce poème : Que nous sommes tous et toutes dignes d’amour, Si ce n’est des autres, de nous-mêmes !

La liberté n'était donc qu’une tournure d'esprit ! Et mon cœur brisé est réparé d’une jointure en or. Quel bonheur de travailler sur ce manuscrit, Je suis mourant, mais je ne suis pas encore mort.

Il a fallu faire face aux fissures dans la façade, Et traverser le feu et affronter la pluie. Enfin libéré des fardeaux de la mascarade, Le paradis terrestre est où je suis.

Looping, le 12 mars 2024 entre 00 h 30 et 01 h 30.

Poème / Tout type d'écriture

Tout type d’écriture se confondent, Chaque chose se termine sur un tic-tac. Je peine a pleurer alors que le tonnerre gronde, Et la pluie se resserre et mon coeur se craque.

Si je touche une bougie je n'ai pas mal, Ma vie n'est pas un bien très bien acquis. Je n'arrive pas à rentrer convenablement dans le bal, La ou je suis, les cadavres sont exquis.

Je suis malheureux, et je le cache, La plupart du temps sous du bonheur. L’illusion parfaite que je sache : Personne ne vois de cadavre sous une fleur.

Looping. (vieux poème, bien représentatif de ma dépression passée)

Poème / Chant du cygne

Finalement libéré de la captivité de la dépression, Et du doux vertige des sentiments contradictoires, Je relativise la portée de mes bras et transgressions : Des milliards de particules dont j'ai transformé la trajectoire.

Bien que de la foudre sorte de mon esprit créant, Ma vie n'est qu'étincelles entre deux éternités. Qu'un peu de poésie entre le chaos et le néant : Il n'y a pas de destin, que le chemin emprunté.

Je suis un voyageur temporel, une seconde à la fois. Et lorsque je serai sur le seuil de l'insondable ; Volubile et éloquent depuis un fauteuil roulant autrefois ; Je me tiendrai droit et mon dernier regard sera de marbre.

Looping, 5 mars entre 05h00 et 07h30.

Poème / La misère et la corde II

Encore l’obscurité s’est couché sur le peuple de Gaza, Cependant, ces ténèbres ne sont pas de la nuit. Des larmes de feu dont le ciel sans merci s’embrasa : Pour dix crimes de guerre, le onzième est gratuit !

Même empêchés de sortir du désert, la tristesse, Des espoirs et des rêves, il ne reste que l’amertume ; Des troupeaux de bâches en guise d'abri de fortune ; Là où en Palestine, la terre est la seule richesse…

¡ Parce qu’il ne reste qu’à se taire ou bien se révolter ! Et que ma main tremble en écrivant ces mots, Et que je ris pour camoufler mon sanglot, Mais je n’y arrive qu’avec difficulté.

Alors qu’il ne reste plus la moindre alternative, Et que tous ont oublié le fruit de la discorde, Désormais la mort comme unique perspective, La misère et la corde en guise de miséricorde.

Looping, 26 février 2024, entre 20 heures et 21 heures 30.

À Aaron Bushnell. Il s’est immolé par le feu devant l’ambassade israélienne à Washington D.C. le 25 février 2024 pour refuser d’être complice du génocide.

« Beaucoup d’entre nous aiment se demander : “Que ferais-je si j’étais encore en vie à l’époque de l’esclavage ? Ou du temps de Jim Crow [régime de ségrégation raciale] dans le Sud [des Etats-Unis] ? Ou de l’apartheid ? Que ferais-je si mon pays commettait un génocide ?“. La réponse est : ce que vous êtes en train de faire. En ce moment même. ». Aaron Bushnell.

Poème / La misère et la corde

Demain le monde, et si peu aujourd'hui : Des slogans sur des tee-shirts, En guise de révolution, D'hymnes en guitares, D'amour en corps à corps.

Il pleut en Cisjordanie, des larmes qui manquent aux yeux, Et qui refroidissent un sol tiédeux.

Demain le monde est encore moins bien qu'aujourd'hui : Pour trois minutes de silence, Des Bouddhas en Afghanistan, Dévoilent en poussières les bombardements, De préservatifs en sida, De sida en Afrique.

Demain il faisait nuit sur la Terre : Les gentils qui parlent de liberté, Comme on parle de l'heure, Et il y a les autres, Qui parlent quand ils le peuvent, De Liberté, Comme le poète parle d'amour; Les autres, Qui parlent quand ils le peuvent De Liberté, La misère et la corde En guise de miséricorde.

Looping, 7 avril 2002.

Poème / Ismaël & Isaac

Ne rien faire, ne rien dire, c'est déjà être complice, Dans un monde où la Terre promise est un charnier ! Tout un peuple est voué aux éternels supplices, Puisque les signes sont ignorés par Pharaon jusqu'au dernier.

L'Histoire ne se répète pas, elle continue seulement, Là où il ne nous reste plus que de stériles comparaisons. Je n'ai ni dieu ni maître mais je me sens musulman, Quand tous ont perdu le courage et la raison.

Pendant que nous ânonnons de vains plaidoyer ; Marchands d’armes ; nous sommes tous corrompus. Depuis le confort et la chaleur de notre foyer, Dieu le silence que fait un peuple qu’on tue !

Looping, 25 février 2024.

Poème / Isaac & Ismaël

Dieu le silence que fait un peuple qu’on tue, Depuis le confort et la chaleur de notre foyer ! Marchands d’armes ; nous sommes tous corrompus ; Pendant que nous ânonnons de vains plaidoyers.

Quand tous ont perdu le courage et la raison, Je n'ai ni dieu ni maître mais je me sens musulman. Il ne nous reste plus que de stériles comparaisons, Là où l'Histoire ne se répète pas, elle continue seulement.

Les signes sont ignorés par Pharaon jusqu'au dernier, Et tout un peuple est voué aux éternels supplices : Dans un monde où la terre promise est un charnier, Et où ne rien faire, ne rien dire, c'est être complice !

Looping 24 et 25 février 2024

Le titre fait référence à la légende hébraïque, biblique et coranique, des fils de Abraham. Demi frères, fils légitime et fils d'une esclave, ils sont considérés comme les ancêtres du judaïsme et de l'islam.

1er vers : “Dieu le fracas que fait un poète qu'on tue.” Aragon à propos de l'assassinat de Lorca par les sbires de Franco)

3e Vers : Le rapport annuel sur les exportations d'armes, présenté par le ministère des armées en juillet 2023, établit que depuis 10 ans, la France a vendu pour 208 millions d'euros de matériel militaire à Israël.

4e Vers : 2 décembre 2023, Macron appelle à “un cessez-le-feu durable” (sic).

5e vers : référence au poeme If de Kipling adapté par André Maurois “Si tu peux conserver ton courage et ta tête Quand tous les autres les perdront. 7e vers : le 31 octobre Sketch de Guillaume Meurice sur France Inter “Halloween approche et tout le monde commence à chercher un déguisement pour faire peur. En ce moment, le déguisement Netanyahou marche pas mal. C'est une sorte de nazi, mais sans prépuce”. Comparer un juif à un nazi est problématique, parler de prépuce plus encore. Il aurait suffit de dire “c'est une sorte de facho avec une kippa”.

8 vers : “L'histoire ne se répète pas, mais il y a une continuité.” Zeev Sternhell, en 2019, historien et universitaire israélien, l'un des plus grands spécialistes du fascisme. https://www.radiofrance.fr/franceculture/zeev-sternhell-le-fascisme-n-est-pas-sorti-des-tranchees-de-1914-il-appartient-a-l-histoire-europeenne-4028679

9e vers : référence à “Let my people go” de Louis Armstrong.

Poème / Franc-tireur

Dans la fable de la République Universelle, On pantheonise la mémoire des Partisans, Avec du barbelé aux murs de nos citadelles : Liberté ; Égalité ; Fraternité ; soi disant.

Qu’il est loin le temps des camarades ! Que flottent les lambeaux de notre superbe, Je m'attendais à bien d'autres barricades : L'espoir des miliciens me donne la gerbe !

Tandis que la police empoisonne l'eau des migrants, Nous ne sommes que les causes que l'on sert. Il faut tout cramer, à commencer par les camps, Alors qu’il n'y a pas d'étranger sur cette terre.

À la glorieuse mémoire des FTP MOI.

Looping 21 décembre 2023 – 21 février 2024.

Poème / Parfois je brûle de talent

Parfois je brûle de talent, tandis que je ploie sous la faiblesse Partagé entre mon amour-propre et le mépris que j’ai de moi-même Une impression d’être misérable entrecoupée d’élan de noblesse Un sentiment de confiance dévoré par l’idée que personne ne m’aime

Les pensées suicidaires côtoient la peur panique de la mort Où je suis un grand orateur si je ne suis pas perdu à bredouiller Je semble être dandy acide, corrosif et élégant, c’est un peu fort Je crois écrire de la poésie lyrique, mais c’est mal gribouillé

De bons moments dans la nitescence, mais il n’y en a pas tant Plus de temps passé dans l’ombre que dans la lumière du feu sacré Si je suis expert en quoi que ce soit, c’est pour cacher le charlatan Quand je suis adroit, ce n'est qu’au volant de machines fumantes et délabrés

Toutes ces cicatrices sont mon histoire, mais je les assume On en vient à se faire aimer de nos chaînes qui infusent Accepter est moins douloureux que lutter contre ce costume C’est une douleur lente qui ne nous tue que si on la refuse

Looping juillet 2020